Trafic international de drogue : Le Pool Judiciaire Financier encercle la « Paris-Dakar connection »

Après plusieurs mois d’instruction devant le Juge du 3e Cabinet du TGI de Dakar, le Pool Judiciaire Financier compte sévir énergiquement contre les marchands de la mort, notamment ceux-là impliqués dans des opérations de blanchiment de capitaux à grande échelle. Ainsi, le dossier du Sénégalo-libanais A. […]

Sénégal

Atlanticactu / Dakar / Cheikh Saadbou Diarra

Après plusieurs mois d’instruction devant le Juge du 3e Cabinet du TGI de Dakar, le Pool Judiciaire Financier compte sévir énergiquement contre les marchands de la mort, notamment ceux-là impliqués dans des opérations de blanchiment de capitaux à grande échelle. Ainsi, le dossier du Sénégalo-libanais A. WAYZANI, arrêté par l’Ocrtis en juillet 2024 et poursuivi pour trafic international de drogue par le Parquet du TGI, fait l’objet d’un traitement au niveau du Pool Judiciaire Financier, qui enquête désormais sur le blanchiment de capitaux.

Malgré les « pressions » et autres interventions pour faire sortir de prison le dénommé A. WAYZANI qui a été arrêté des suites d’une dénonciation dun GP qui devait lui remettre à Dakar quelques 4 kilos de Haschich pur, les choses semblent se compliquer pour le mis en cause et ses présumés complices qui risquent de voir tous leurs biens saisis dans les prochains mois. Si l’instruction au niveau du 3e Cabinet a quasiment été bouclé par la magistrat instructeur, une autre procédure est déclenchée automatiquement au Pool judiciaire financier (PJF) qui s’est autosaisi pour Blanchiment de capitaux. En effet,  le Parquet Financier s’est intéressé particulièrement au dossier de A. WAYZANI, un dossier communément dénommé « Paris-Dakar Connection » du fait des révélations faites par la GP chargée de convoyer la drogue de Paris à Dakar et de le fréquence de l’envoi des colis qui cachent une vaste opération de blanchiment de capitaux,  selon une source Judiciaire.

Comment l’Ocrtis a-t-elle pu remonter jusqu’au sieur A. WAYZANI ?

Tout est parti d’une surveillance sur une jeune dame établie sur la Petite Côte où se rendait régulièrement le jeune sénégalais d’origine libanaise. Mais, heureux hasard car  les services de sécurité de l’Ambassade du Sénégal à Paris alertent l’Ocrtis de l’existence d’un réseau de trafic de drogue qui utilise des GP pour l’acheminement des des substances jusqu’à Dakar.  L’information a été révélée par une GP après plusieurs envois effectués.  » C’est un libanais établi à Paris qui m’a chargé de convoyer des colis de Paris à Dakar.  Mais, j’ai commencé à avoir des soupçons du fait de la périodicité des envois et,  par mes connaissances j’ai compris que je travaillais pour un réseau de trafic de drogue sophistiqué « , a avoué la dame retrouvée à Dakar.

Exploitant ce renseignement,  les limiers de l’Ocrtis aidés par la police française ont piégé la livraison de plusieurs kilos de Haschich d’une valeur de plusieurs dizaines de millions de FCFA et convaincu la GP de prendre l’avion pour Dakar comme si de rien n’était. C’est ainsi qu’une fois à Dakar,  la GP a contacté le sieur WAYZANI au téléphone pour récupérer son précieux colis. Et comme les autres fois,  l’actuel pensionnaire de Rebeuss ne s’est pas présenté préférant envoyer un livreur . Ce dernier sera rapidement maîtrisé par les éléments de l’Ocrtis à qui il révélera n’être que le coursier du nommé A. WAYZANI qui lui confie régulièrement ce type de missions dont il ignore la teneur des colis à récupérer.

Après une perquisition à son domicile et plusieurs jours de garde à vue,  A. WAYZANI déclare préférer mourir que de balancer ses complices…

Pour gage de bonne foi, le livreur appellera A. WAYZANI pour lui confirmer avoir reçu les colis et qu’il pouvait les récupérer devant le restaurant « Le Fouquet’s » sur l’Avenue Lamine GUÈYE à quelques mètres de son domicile.  Sûr d’avoir réussi son énième coup, le sieur WAYZANI se pointera et après réception du colis piégé,  il sera arrêté par les policiers de l’Ocrtis.

Dans les locaux de l’Ocrtis,  A. WAYZANI reconnaît sans difficultés être le propriétaire du colis. Mais durant toute l’enquête,  il refusera de citer ses complices car,  » Je préfère mourir « , n’a-t-il cessé d’asséner devant les policiers. Toujours est-il qu’au vu de l’énorme quantité de Haschich piégée depuis Paris,  les enquêteurs de l’unité spéciale de lutte contre le trafic de stupéfiants ont compris que le délinquant était l’un des maillons d’un grand réseau de trafic international drogue qui gênerait des centaines de millions de Fcfa chaque année.

Une perquisition au domicile de ses parents ne permettra pas aux policiers de prospérer dans leur enquête mais, vu les preuves et témoignages assez édifiants contre lui, A. WAYZANI a été déféré devant le Procureur de la République pour Trafic international de drogue et association de malfaiteurs en vue d’une opération de blanchiment de capitaux.

Quelles conséquences pour A. WAYZANI et ses complices présumés suite à la nouvelle procédure ouverte par le Parquet Financier Judiciaire ?

« Je préfère mourir mais je ne dénoncerais personne », c’est ce bout de phrase qui a convaincu le Parquet Financier que le sieur WAYZANI, protégerait soit des proches ou ferait partie d’un puissant réseau comme la Ndrangheta sicilienne. Un réseau de Blanchiment à grande échelle pouvant même financer des groupes terroristes comme le Hezbollah.

Et c’est ce qui, selon une source Judiciaire proche du dossier,  a motivé le Parquet de Dakar à adresser un nouveau réquisitoire en vue de permettre au Pool Financier Judiciaire de se saisir de cette affaire,  » c’est parce que le Procureur Financier Abdoulaye Aliouine SYLLA a découvert l’existence d’une véritable organisation de blanchiment de capitaux qui dépasse les frontières sénégalaises et la personne de A. WAYZANI », nous confie notre source.

 » Si le Juge du 3e Cabinet du TGI a réussi à démanteler la Dakar-Paris Connection « , il revient revient au Juge Financier de trouver la provenance des biens du jeune WAYZANI pourtant déclaré souffrir de troubles psychiques.  Et dans cette situation, tous les biens de ses proches dont la provenance ne serait justifiée pourrait faire l’objet d’une saisie », renseigne la même source.

Et , conclu notre source,  » S’il est prouvé que certains biens immobiliers sur la Petite Côte, à Ifrane au Maroc ainsi que des véhicules qui seraient au nom de A. WAYZANI ne peuvent être justifiés,  tout indique que le Parquet Financier Judiciaire aura réussi à mettre fin à une véritable organisation criminelle ».

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